Gabrielle Duplantier


Travaux personnels

2ooo-2oo8 -  Le portrait et sa mise en scene
2oo2-2oo8 - "Un peu apres la lumiere''  Travail sur le Pays Basque
en cours    -  Portugal - Volta


Collaborations et commandes


en cours - Les chapelles du pays Basque | Éditions Cairn.
2oo6-2oo8
- Illustrations pour l’edition (romans, musique, presse...)
2oo5-2oo7
- Collaboration atelier architecte-paysagiste/ Bordeaux Juillet
2ooo-2oo8 - Collaboration groupes de musique (CD, presse, clips..)
2oo4-2oo8 –
Interventions scolaires- atelier photo/ Bayonne
Fev. 2oo5
- Supplements "Style" du " Monde"
2oo4-2oo5 - Reportages pour la ville de Bayonne
2oo6 - Collaboration sculpteur S. Herbelin, Paris
2oo2-2oo5 - Photographe de plateau
Mai 2oo2 - " Portraits de militants" / Amnesty International, Paris
2ooo-2oo2 - Assistante photographe ( prise de vue, labo )


Expositions et collections

 

Nov 2oo8– mois off de la photo, Cartonnerie, Paris, Nov 2oo8– Musee Basque, Bayonne, 2oo8-2oo9 avec Bernardo Atxaga– Paysages intimes/ Ikuspegi goxoak, 10 Alliances francaises, Espagne. Juin 2oo8- lauréats «parole photographique», Vendôme. Mai 2oo8 – i bought me a cat, b<gallery, Rome. Mai 2oo8- Charlet photographie, Centre Iris, Paris.  Septembre 2oo7 - Triestèfotografia, Trieste, Italie.
Mai - Juin 2oo7
- "Exil" - 9 photographes, 9 visions. Diaporama, Paris.
Nov-dec 2oo6 - "Pays Basque, cloître d'Urbax, Espagne".
Mai 2oo6 -
"Les Indépendances", Enghien-Les-Bains.
Fevrier 2oo5
- Cycle "Keep the distance" Espace Lhomond, Paris
Octobre 2oo5 - Galerie de la gare, Bayonne.
Juin-sept 2oo4 - Bardos/ Conseil general des Pyrenees Atlantiques.
Fevrier 2oo4 - Laureats prix Agfa / Comptoir du marais, Paris.

Collection FNAC et nombreuses collections privees.

Photographies présentent sur le site: http://www.charlet-photographies.com/

 

 

 

Article presse paru dans ATLANTICA de Janvier - Février 2oo5

Page 1
Page 2

 

                Ecorchée vive, creusant une sombre poésie dans des noirs et blancs profonds, Gabrielle Duplantier développe une recherche intimiste pour mettre à nu la pureté d’un visage, la sensualité des formes, la puissance de la lumière, le mystère de la vie planqué sous les apparences de ces personnages souvent féminins égarés dans des chambres exigues ou des paysages improbables à la recherche de leur identité. Certains verront à travers les images volontairement decadrées, floues, bougées, dont le grain assure une espèce de blues où errent des êtres fantomatiques quelques signes du Pays basque, d’autres relèveront l’intimité sensuelle, le frémissement ou l’abandon des corps qui forment la tribu affective où se meut la photographe.

                 Dans la lignée de la très victorienne Julia Margaret Cameron ou plus près de nous, de photographes tel Mario Giacomelli, Paulo Nozolino ou Dolorès Marat dont l’œuvre met à jour des territoires terriblement subjectifs et personnels à la fois fragiles et poétiques, Gabrielle Duplantier à peine agée de trente ans invente des petites fictions et des moments complices. Ceux ci puisent leur énergie et leur beauté trouble à partir de la terre même ou elle puise sa raison d’être et de cette lumière si particulière que lui offre les incertitudes du climat et des intempéries(..)

Claude Nori   2oo8

 

 

Un peu apres la lumiere.
Regards sur le pays basque.

Photographies de Gabrielle Duplantier.

Qui veut dire le Pays Basque s'y risquera avec prudence. Car c'est, comme d'autres, un pays truque, plein de mythes, de folklore et de fadaises ; une fiction commode ; un tapis de cartes postales, qu'il faudra secouer.
Mais qui veut dire le Pays Basque doit aussi oublier ses precautions, s'autoriser a prendre la parole, revendiquer son regard, en depit de tous ses doutes et des confiscations preventives. Car il y a toujours, ici, plus erudit, plus connaisseur et plus basque que soi. Tant pis : il n'y aura pas un Pays Basque, mais plusieurs ; il n'y aura pas de savoir mais des impressions, et pas d'itineraire, seulement des errances. L'inventaire est toujours incomplet, comme les certitudes sont transitoires. (...)

Xabi Molia

>> Retrouvez ces photos en cliquant ici...


GABRIELLE DUPLANTIER

Gabrielle Duplantier voit le jour a Bayonne le 28 octobre 1978. La maison familiale, situee sur les bords de l'etang de Ondres et entouree d'une foret etonnante ou palmiers et chenes contribuent de concert a creer une atmosphere bucolique, exerce des l'enfance de la jeune photographe un pouvoir benefique sur son esprit predispose a la creation.
En guise de jeux, des mises en scenes theatrales montees dans cet environnement privilegie par Gabrielle et ses freres Joseph et Mario, aujourd'hui musiciens, devoilent peu a peu les talents de chacun et stimulent chez la premiere, une vision onirique voire fantasmagorique du monde qui l'entoure.
Dans ce climat particulierement marque par les arts et la spiritualite grace aux personnalites multiculturelles et eclectiques de son pere Dominique, dessinateur, et de sa mere Patricia, americaine d'origine acorienne et professeur de yoga, Gabrielle obtient une Licence d'Arts Plastiques et poursuit, a travers ses premieres ouvres personnelles ainsi que celles des maitres eternels, l'exploration de la realite, dans la dualite de sa definition: poetique et sereine, obscure et violente.
La photographie ne se revele pas a Gabrielle Duplantier d'une maniere soudaine, mais participe a sa vie aussi loin qu'elle s'en souvienne, comme un prolongement de son etre. S'imposant au cours des annees, elle devient vocation, et par la-meme guide l'artiste dans sa quete de verite.
L'existence d'un laboratoire dans sa maison lui permet d'experimenter divers procedes de developpement s'appuyant davantage sur une intuition lyrique que sur des contraintes theoriques ou des techniques par trop academiques. Traversant mille chemins tortueux , selon les propres dires de l'auteur, son ouvre parvient a definir avec une justesse croissante une argumentation coherente et une maniere tres personnelle.
D'une diversite etonnante, l'affectivite esthetique de la jeune photographe la mene a s'emouvoir d'egaIe maniere devant les icones byzantines, primitives italiennes ou flamandes, les expressionnistes allemands tels qu'Egon Schiele, la multiplicite creatrice de Picasso, Frida Kalho, Rouault, le preraphaelisme, la peinture anglaise du XIXe siecle, les dessins de son pere, ou encore la litterature des sours Bronte.
Cette heterogeneite stylistique dans ses gouts personnels enrichit judicieusement sa propre creation de facon a l'influencer benefiquement sans la soumettre.
La melancolie, la serenite, le romantisme de siecles passes reves ou idealises, la solitude la contemplation, l'attente, l'angoisse devant un monde etrange et parfois inquietant, sont autant d'emotions et d'attitudes qui emergent de figures confuses, de maisons surgissant dans la penombre de chemins deserts ou des delicates variations tonales issues d'une palette exclusivement basee sur le noir et blanc.
Des lors, son langage plastique hors du commun bouleverse le spectateur et le plonge dans un univers magique, inherent au conte ou aux legendes eternelles qui marquent depuis toujours l'histoire de nos civilisations.
Deux themes principaux se devoilent dans l'ouvre de Gabrielle Duplantier : les paysages, ruraux ou urbains, et les portraits.
Mue par la recherche d'une nature sauvage, elle decide d'explorer son environnement immediat, le Pays basque, de part et d'autre de la frontiere, et decouvre une infinite de possibilites compositionnelles et thematiques.
L'aventure commence alors, exaltante et mysterieuse.

Bien que les titres des photographies nous indiquent de maniere non equivoque la situation geographique de leurs sujets, l'auteur refute avec raison une approche anecdotique qui pourrait limiter sa plastique en la rendant vulgairement regionaliste et accede avec aisance a la Beaute universelle sans etiquettes ni frontieres, celle qui permet a tout habitant de la Terre de penetrer dans son propre imaginaire, celle qui nous reunit tous egalement autour d'une meme quete d'absolu.
Ainsi, des chemins menant a Iraty, traversant un vaste paysage a Tafalla ou longeant des prairies ponctuees d'arbres a Mezkiritz s'ouvrent sur des perspectives sans limites et nous inculquent une perception du Monde basee sur la richesse de sa diversite plastique et par la -meme denuee d'apriorismes. Les brumes s'evaporant des plaines et brouillant le ciel, le profil des cretes apparaissant telles des ombres chinoises, un orage ecrasant de sa puissance une terre trop plane et fragile ou encore la neige emprisonnant un paysage auparavant vaste, sont autant d'images oniriques qui emportent notre esprit par dela notre conscience, dans les mondes reves que notre cartesianisme nous autorise parfois.
D'autres images, plus tenebreuses, nous attirent malgre nous a la tombee du jour dans des forets interdites par des legendes inquietantes, reduisant a neant notre temerite et attisant nos sens, dans l'attente de voir glisser un etre surnaturel sur les puissantes racines d'un arbre fantastique, pret a nous dechiqueter de ses enormes tentacules vegetales.
Guere plus rassurantes, quelques batisses surgissent au milieu de notre perilleux periple, closes, isolees, a demi occultees par un epais brouillard ou par la nuit mourante et conservant sans aucun doute derriere leurs vieux murs de pierre des secrets terrifiants.
Soudain, un cheval apparait parmi les ombres, telle gardien paisible d'un purgatoire dantesque, puis un mouton nous interroge d'un regard noir, une vache nous espionne derriere une porte cadenassee et un chat fantomatique nous defend l'entree de sa demeure.
Enfin, un berger menant son troupeau revigore notre courage et nous designe une nouvelle voie, bordee d'epouvantails encore un peu troublants, mais egalement de moutons circonspects devant notre emoi et de cochons parfaitement impassibles.
Puis la ville et ses differents visages emergent a travers un immeuble, les quais de la Nive a Bayonne, l'interieur chaleureux d'un cafe ou l'animation joyeuse des rues pendant les fetes. Peut etre, plus rassurantes de prime abord, la cite et la multitude reservent-elles aussi un large eventail de sensations, qui emanent davantage du sentiment eprouve a un moment precis par le promeneur urbain que le decor qui l'entoure.
De meme que dans les paysages de campagne, Gabrielle pose un regard inedit sur les visages de ses personnages, en realite sur l'etre dans son essence. Accoutumee aux atmospheres sombres des concert de ses freres et seduite, par ailleurs, par des photographes du debut du siecle, tels que Julia Margaret Cameron, ou d'autres plus recents, tels que Michael Ackermann, elle extrait de ses modeles, essentiellement feminins, non seulement leur identite profonde, mais encore les diverses emotions qu'ils lui inspirent. Depuis la douceur, l'indolence, la reverie, l'indifference, l'introspection jusqu'a l'inquietude ou la douleur, l'auteur decrit avec une exactitude deconcertante la complexite de l'existence a travers les constantes variations de la disposition de l'ame, celle-ci irremediablement habitee par la necessite du bonheur et de l'accomplissement de soi, ainsi que par la certitude fatale de la mort.

Aussi vivantes que leurs sujets, les photographies de Gabrielle Duplantier bougent, s'effacent derriere des ombres, s'elancent dans des mouvements sans fin, se suspendent dans une dimension atemporelle, se figent dans une quietude absolue, se definissent par un grain d'une lisibilite parfaite et nous entrainent irresistiblement dans notre propre histoire humaine.

Marina Gauthier-Dubedat,
Historienne de l'art.

Texte issu du catalogue d'exposition Bardos/ Lacommande/ ete 2oo4

>> Retrouvez ces photos en cliquant ici...